«Le temps passe, inexorablement...» m’écrit mon amie Sandrine. En effet, quand nous calculons que nous nous connaissons depuis… 30 ans !!!… cela ne nous rajeunit pas ! Le beau côté de cela, c’est de se rendre compte que notre amitié aussi a 30 ans, et résiste au temps ! Au temps qui passe, à la distance qui nous sépare, à nos différences aussi.
C’est ainsi que notre passage dans le Sud est presque devenu un pèlerinage sur les lieux de mon enfance, une ode au temps qui passe.
En partant de chez Cathy et Daniel, nous ne manquons pas en premier lieu d’honorer la culture française des marchés. Ah, le marché d’Aniane, c’est un super marché, qui permet de se passer de supermarché ! Il y a l’essentiel, et pas tellement de superflu. Nous y prenons donc de quoi faire un bon pique-nique, avec produits italiens (ben oui) mais aussi quelques légumes frais locaux, se régaler de futurs bons cafés, de focaccias savoureuses, le tout sans oublier le dessert !
D’autant plus que nous retrouvons sur la route ma tante Anne, qui est aussi gourmande que moi. Pour fêter sa retraite, elle s’offre quelques jours en Camargue, avec son vélo, pour prendre l’air marin. Et vu comment ça souffle, elle reçoit bien des embruns !
Après notre délicieux pique-nique, nous passons l’après-midi au parc ornithologique, déambulons entre marais, rosières et étangs pour observer de nombreux oiseaux dont principalement des flamands roses, des aigrettes, des avocettes élégantes et des hérons : cendré et garde-boeuf. J’ai même la chance d’apercevoir rapidement un martin-pêcheur avec ses magnifiques couleurs éclatantes ! Les garçons observent aux jumelles et découvrent ainsi la faune camarguaise.
Ensuite, nous reprenons la route pour aller dormir chez une autre de mes tantes, du côté de ma mère cette fois, Bernadette, à Grans. Manon ma cousine nous rejoint pour le repas en compagnie de ses parents et son frère Romain. Fred, mon oncle, sort une caisse de legos vieille de 30 ans elle aussi… Nous ne voyons plus les enfants du reste de la soirée ! Les voilà plongés dans un univers qu’ils se créent, et en avant l’imagination !
Nous arrivons à Marseille en fin de journée le vendredi soir, et permettons ainsi aux enfants de découvrir tout de suite ce que sont les bouchons ! L’arrivée sur Marseille est toujours aussi attirante…
Durant toute la semaine, je suis effarée du nombre de voitures, de personnes seules dans leurs voitures, du nombre d’heures passées dans la voiture, de la conduite irresponsable de certains… Bref, je ne suis pas faite pour vivre dans une grande ville. Je me rends compte à quel point nous habitions Marseille sans y habiter vraiment, dans le sens que nous étions en périphérie et que nous allions rarement en centre ville (sauf ma mère pour son travail et moi pour aller au théâtre!). Les transports en commun sont toujours aussi peu efficaces, même si entre temps, les lignes de métro ont été rallongées et 3 lignes de tram rajoutées. Cela n’aide pas à faire évoluer les mentalités : quand on peut mettre 15 min au lieu de 45 en transports en commun, voire encore le double, le choix est vite fait, pour certains. Accepter de «perdre du temps» dans un société qui va toujours plus vite, ce n’est pas gagné...
Me voilà donc touriste dans la ville où j’ai grandi. J’ai envie de faire découvrir cette ville cosmopolite à mes «petits suisses», comme nous appellent les enfants de Sandrine et Pierre, Fanny et Arthur, qui nous accueillent chaleureusement le temps de notre séjour. A peu près des mêmes âges (un seul jour d’écart entre Arthur et Lohan!), les enfants ont plaisir à jouer et nous à discuter.
En avant donc pour le bord de mer, les Calanques, le Vieux-Port et sa Canebière, le Panier, la Rue Longue des Capucins, le marché aux santons, le petit train (si si, même le petit train qui monte à Notre-Dame-de-la-Garde…), les joies du métro, et les amies d’enfance !
Les enfants découvrent la belle bleue depuis les plages du Prado mais encore depuis la Calanque de Sugiton, toujours aussi belle et sauvage. Laurent et Amaël tentent même de «tremper le fil», comme le disait Thibault. Rien ne mord, à part les algues que les vagues remuent. Quel luxe, il n’y a personne d’autre que nous sur cette plage, alors qu’en été, il faut réserver pour aller balader dans les Calanques…
En bons touristes, nous passons une journée dans le centre, à visiter tout d’abord la Grotte Cosquer. Du même acabit que la Grotte Chauvet, la reconstitution et «l’exploration» de la grotte et ses trésors est très bien faite. Nous plongeons littéralement dans l’histoire de l’humanité… Nous vous recommandons !
Après une petite balade dans le quartier du Panier, nous savourons couscous, tajine et briks orientaux. Et en guise de digestif, c’est le thé à la menthe qui ravit nos papilles. Il ne nous reste plus qu’à acheter quelques makrout à la Rue Longue des Capucins et nous avons voyagé aux portes de l’Orient.
Pour terminer, le Petit Train nous emmène à la «Bonne Mère» comme l’appellent les Marseillais : Notre-Dame-de-la-Garde, qui porte bien son nom. De là, la vue sur Marseille est imprenable. Nous sommes à peu près à la même hauteur que La Batarelle, où nous habitions, mais en face. Quelle ville immensément grande… Heureusement que la mer et les collines environnantes sont là pour apporter un peu de nature… Située à 154 mètres d’altitude, le mistral y souffle fort… Le froid est piquant !
Je partage avec joie un moment avec deux autres amies, Caroline et Daniela, et parlons de nos vies respectives, qui se sont à peine croisées depuis plusieurs années. On était tellement dans l’échange que je n’ai pas pensé à prendre de photo souvenir... Celui-là restera dans uniquement dans nos coeurs !
Je ne pourrais quitter Marseille sans avoir revu Sandra, ma professeur de piano et de solfège, et son compagnon Philippe. Sandra a une place particulière dans mon cœur. Au-delà d’avoir été mon professeur, elle est devenue une amie. Elle me connaît depuis 32 ans, m’a vue grandir, m’a transmis son amour de la musique, m’a écoutée et guidée de nombreuses heures. Je ne comprenais pas pourquoi mes cousins se plaignaient des cours de solfège, nous y riions tellement ! Dans le tri avant notre départ, j’avais retrouvé mes cahiers de solfège, dans lesquelles j’avais écrit ces phrases qui nous avaient fait tellement rire… : un «chromiton» (contraction entre chromatique et demi-ton) ou «barre de chaussure» ou lieu de barre de mesure… Ces instants en belle compagnie passent trop vite, mais ils ont le mérite d’exister et de continuer à agrémenter notre relation.
Comme vous le savez, il y a eu aussi quelques journées OFF.
Savoir mettre le temps sur pause…
Pour vivre à fond le moment présent, il faut aussi des moments de rien. Des temps d’intégration et de retour à soi, de digestion et de répit.
Pour que nous puissions vivre à fond le moment présent, il faut aussi des temps de planification de la suite. Afin de garder l’énergie de rebondir, la joie de rencontrer, la force de s’adapter.
C’est pourquoi nous avons décidé, suite à l’annulation du dernier plan wwoofing de l’année, d’aller nous poser chez mes parents. Refermer cette première boucle là où elle avait été ouverte.
Sur le chemin, nous passons aux Carrières de Lumière (cela fera l’objet d’un autre post j’espère) et chez mon cousin Philippe. Les fraisiers se voient à peine sous la végétation qui a poussé depuis. Ce ne sont pas les mauvaises herbes que nous avons oublié d’arracher, mais la moutarde, la fèverolle et les radis chinois qui occupent le terrain, pour à la fois protéger et nourrir la terre.
Retour dans le connu. Retrouvailles. Mais wwoofing quand même… ! Les projets ne manquent pas, entre l’agrandissement du potager, le mur à refaire, les chambres à vider en vue des prochains travaux…
Et aller voir ma grand-mère Madette, qui fêtera ses 100 ans en juin 2024. Le temps passe disions-nous ?!
Ma devise préférée quand j'étais enfant, et qui ornait les fins de mes lettres (puisqu'on s'écrivait encore des lettres... dont on attendait la réponse des jours voire des semaines...) était : Carpe diem.
Mon côté curieux me donne toujours envie d'explorer plein de choses, de vivre à fond, mais j'espère qu'à travers ce voyage d'une année, nous transmettons aussi à nos enfants la préciosité du temps qu'il faut savoir prendre... et mettre sur pause de temps en temps.
Photo de l'exposition de Clément Pappalardo au parc ornithologique du Pont de Gau
Quelle magnifique Ode du temps ! Oui, utilisons le temps à bon escient car il est si précieux!
En tous les cas, je constate que vous avez fait le choix audacieux d’utiliser le temps pour une aventure humaine riche en découvertes!