Prévoyez quelques minutes (je me suis laissée aller à écrire!!) et une bonne tasse de tisane du jardin… Et c’est parti !
L’autonomie était le thème du mois de mars, entre La Roulotte Autonome et Autonovie.
«Autonomie», emprunté du grec autonomos, « qui se régit par ses propres lois », « qui agit de soi-même ».
Nous avons fait deux expériences très différentes - disons que le point commun était les toilettes sèches, bien que leur conception même était différente !!! Ce grand écart et mes propres réflexions déjà en amont de notre projet m’amènent aujourd’hui à vous proposer un article sous forme de questionnement, tout en vous livrant certaines des mes réflexions, en l’état actuel. Chacun a sa réponse, ses réponses. Chacun choisit où mettre le curseur, quelles sont les priorités et au final où et comment agir.
Chacun interprète le monde à sa façon et en découle un mode de vie.
Quelles sont les raisons qui motivent un désir d’autonomie ? De qui/quoi souhaite-t-on s’émanciper ? Par rapport à quoi peut-on (ré)affirmer sa souveraineté ?
Il y a ceux qui veulent être autonomes afin de payer moins de factures, de ne pas être dépendant d’un système qui va devenir (privatisé) de plus en plus coûteux. Il y a ceux qui souhaitent impacter le moins possible les ressources de la Terre. Il y a ceux à qui cela donne bonne conscience et cela leur permet de continuer à consommer de la même manière.
Dans mon analyse, le fait de chercher d’autres sources d’énergie, moins polluantes ou encore en abondance, n’est pas la solution. Nous devons apprendre à consommer moins, tout simplement. Pour rejoindre ce que Pierre Rabhi appelle la «sobriété heureuse». Au passage, je nous invite à méditer sur ce que peut représenter la sobriété, comment y tendre.
A-t-on vraiment besoin de tous ces appareils connectés ? De cliquer autant sur internet ? De répondre à tous ces messages sur les réseaux sociaux ? Que peut-on remplacer chez soi qui ne consomme pas d’électricité ?
Petits exemples au quotidien : passer le balai plutôt que l’aspirateur, râper à la main plutôt qu’avec le robot ménager multi-fonction qui va utiliser non seulement plus d’électricité mais aussi plus d’eau pour le nettoyer…
Je remarque en France qu’il est compliqué de vivre sans voiture. En cela, j’apprécie notre mode de vie en Suisse, où l’on peut se déplacer à pied ou en vélo, et où les transports en commun fonctionnent… Même si j’aspire à plus de nature dans mon environnement proche, il me suffit de 5 min à pied pour rejoindre les Petits lacs et 10 min à vélo pour arriver au Parc Naturel de Finges. Et de lever les yeux pour admirer les montagnes.
Mais au fond, il s’agit de se demander si ce trajet est utile, voire même si c’est absolument nécessaire d’aller faire telle ou telle course maintenant ? Si ce trajet peut être fait autrement ? Ou groupé avec un autre besoin, un autre jour de la semaine et dans le même secteur ? Ou co-voiturer… ? Ou renoncer…
Le sacro-saint sentiment de liberté que donne la voiture va devoir être revisité. «C’est tellement pratique». Les habitudes se changent.
Cela ne veut pas dire non plus commander sur internet pour éviter d’avoir à faire soi-même le trajet !
A-t-on réellement pris conscience du coût énergétique de nos achats en ligne ?
Sans rentrer dans des diktats, il me semble judicieux de trouver un équilibre, un juste milieu. Accepter aussi parfois de lâcher sur des pistes que nous aimerions explorer mais qui ne nous sont tout simplement pas accessibles en l’instant. Rajouter de la culpabilité est contre-productif. Il me semble plus juste de se (r)éveiller.
De quel niveau de confort ai-je besoin? De quoi ne puis-je me priver? Qu’est-ce qui est vraiment essentiel pour moi?
Faire et défaire nos valises, vider et remplir le coffre en jouant à Tétris, débarquer dans des intimités et des intérieurs tellement différents (un immense merci au passage à tous ceux qui nous ont accueilli et à tous ceux qui vont encore nous ouvrir leurs portes dans la confiance), découvrir toutes ces ambiances et couleurs est riche, tellement riche. Ainsi, après notre retour de Martinique et avant le départ pour le sud-ouest avons nous désiré réduire encore nos affaires.
Qu’est-ce qui est superflu ? Qu’est-ce qui nous encombre ? Chez nous, dans notre cocon, dans nos placards, dans nos affaires, dans nos émotions mais aussi nos relations… Est-ce que l’on se rend compte de tout ce que l’on possède ? Est-ce qu’on honore tout cela ?
Il est tellement gratifiant de faire de la place, de se désencombrer. De reconnaître la valeur de ce que l’on a, mais surtout de ce que l’on est. Nous ne sommes pas définis par nos possessions. Par l’apparence que l’on donne. Je crois bien plus au rayonnement de qui nous sommes. De l’être profond qui nous habite.
En écoutant Camille Etienne, jeune activiste française très engagée et médiatisée, je me dis que je la remercie de prendre cette place, que je ne souhaiterais pas occuper. Ce n’est pas là que je me sens «influante». Je n’ai pas sa gouaille, sa facilité à discourir, répondre, déconstruire, agir… Mais je la remercie de le faire, de s’attaquer aux grosses entreprises dont le poids en pollution et non-respect du vivant est énorme. Je la remercie, ainsi que tous ceux aux côtés de qui elle se bat, de relever ces défis.
Chacun œuvre depuis l’espace où il est à même de le faire en se respectant, en honorant son être profond. Je ne suis pas du genre frontale, je me demande parfois si je suis lâche. Je ne cherche pas à convaincre ceux qui ne partagent pas le même avis, ni même parfois à le leur faire entendre. Par contre, je m’attache à vivre en cohérence avec qui me semble juste, avec mes valeurs et mes idéaux. Avec ce qui fait sens pour moi et me fait vibrer. Au-delà d’une analyse mentale qui me dicterait ce qui est mieux sur le papier. Et je crois que cela vaut tous les discours. Inspirer. Être congruent.
Prendre soin de ma santé va pour moi de pair avec prendre soin de notre Mère-Terre.
Dans quelle mesure mes habitudes (alimentaires, vestimentaires, de loisir…) impactent les ressources de la terre ? Est-ce que je peux remplacer un aspect coûteux pour la planète par une solution plus locale par exemple, plus respectueuse du vivant, moins énergivore ?
J’aime l’harmonie, la simplicité, me sentir reliée et authentique. J’ai besoin pour cela de me retirer dans le silence, sortir du brouhaha du monde. Trouver mon chemin à l’intérieur de mon cœur. Et indéniablement, il me ramène au fait que je suis fille de Gaïa, que nous sommes toutes et tous enfants de la Terre. Comme le disaient les Amérindiens ou Saint-Exupéry selon les sources : «Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants». Les Amérindiens pesaient leurs actions en se demandant quel impact cela aurait pour les 7 générations à venir. Puissions-nous en prendre de la graine. En cela réside une réelle autonomie.
Quel plaisir de te lire et de partager tes pensées ! Tant de choses sont à faire et à repenser, tout est possible.
On est contents de voir que vous continuez votre voyage en découvrant de nouveaux endroits et de chouettes personnes.
Hâte qu'on se refasse un appel, on vous fait de gros bisous à tous les quatre <3 !
Ça fait du bien de se laisser aller à écrire et tes écrits sont très intéressants ; on y apprend beaucoup!
Merci Anaïs de nous inciter à réfléchir sur notre mode de vie, sur nos réels besoins, sur notre capacité à être autonome, sur la primauté de l’être sur l’avoir, sur le respect des ressources de la Terre! Les questions que tu poses sont pertinentes et pleines de bon sens ! 😄
Belles Pâques à toi et à ta petite famille! 🌸